Le circuit d’alimentation carburant d’un moteur marin
- My Boat Assist
- 14 nov.
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 nov.
Comprendre et prévenir les pannes, s'est entreprendre la bonne stratégie pour l'entretien du moteur de son bateau et surtout, faire des économies ! la suite des conseils pro My Boat Assist. Aujourd'hui les carburants et leurs circuits d'alimentation.
Le circuit d’alimentation est l’un des systèmes les plus importants d’un moteur marin, c’est lui qui permet au carburant, essence ou gasoil, d’atteindre correctement le moteur et d’assurer une combustion stable. La moindre prise d’air, goutte d’eau, ou durite fatiguée peut provoquer une perte de puissance, un calage ou une impossibilité totale de démarrer.
Pour un plaisancier, connaître ce circuit, c’est éviter 70 % des pannes les plus courantes et naviguer l’esprit plus tranquille.
Alors commençons par un problème majeur et récurant, la condensation.
La condensation : causes, risques et solutions
La condensation apparaît lorsque l’air humide présent dans le réservoir se refroidit, transformant la vapeur d’eau en gouttelettes. Sur les bateaux, c’est très fréquent : variations de température, réservoir partiellement vide, environnement marin saturé d’humidité…
👉 Pourquoi c’est dangereux ?
La densité de l'eau étant plus lourde que les carburants elle se dépose au fond du réservoir.
Elle passe dans le circuit.
Corrode les éléments mécanique " pompe essence, carburateur, injecteurs etc.."
Elle fait caler le moteur ou empêche le démarrage.
Solutions simples pour limiter la condensation
✔️ Qu'il s'agisse d'essence ou de gasoil, garder le réservoir plein→ Moins il y a d’air, moins il y a d’humidité à condenser.
✔️ Utiliser un additif stabilisateur eau-carburant→ Pour l’essence, certains additifs encapsulent l’eau sous forme de micro gouttelettes brûlables.→ Pour le diesel, certains additifs empêchent la séparation eau/gasoil.
✔️ Purger régulièrement le fond du filtre décanteur, si votre circuit de carburant n'est pas équipé, une installation s'impose → C’est là que l’eau finit systématiquement, une simple purge régulière limite bien des problèmes !..
✔️ Stocker les jerricans dans un endroit sec et fermé→ Un jerrican qui “respire” finit par condenser de l’eau à l’intérieur.
Essence SP95 vs SP98, stabilité du carburant, octane et dégradation.
L’essence se dégrade très vite, surtout avec la présence d’éthanol (E5 ou E10).En vieillissant, elle perd son taux d’octane et devient moins volatile.
🔍 Qu’est-ce que l’octane ?
L’octane est un indice qui mesure la résistance de l’essence à l’auto inflammation dans le moteur. Plus l’indice d’octane est élevé, plus le carburant supporte la compression sans exploser trop tôt. Cela permet un fonctionnement plus propre, plus régulier et protège le moteur contre les “cliquetis”, une détonation anormale qui peut l’endommager.
En pratique :
SP95 : bon compromis pour la plupart des moteurs
SP98 : meilleure stabilité, meilleure combustion, recommandé pour les moteurs marins et moteurs sensibles.
👉 Ce que ça provoque
Démarrage difficile
Trous à l’accélération
Détonations (cliquetis moteur)
Encrassement carburateur/injecteurs
Solutions pour conserver un bon taux d’octane
✔️ Ne jamais stocker de l’essence plus de 3 mois→ 1 mois sous climat chaud/humide, comme dans le sud de la France par exemple .
✔️ Utiliser un stabilisant de carburant→ Il empêche l’oxydation et stabilise l’indice d’octane.
✔️ Utiliser de l’essence SP98→ Moins d’éthanol → meilleure stabilité → moteur plus propre.
✔️ Remplir le réservoir avant une pause d’utilisation→ Réduit l’air (et donc l’humidité) → limite la dégradation.
Vous l'aurez compris, faire des économies sur le prix du carburant n'est pas toujours la meilleur stratégie quant on possède un moteur marin..
Le gasoil, bactéries, causes, symptômes & traitement
Les moteurs diesel ont un problème spécifique :les bactéries, champignons et levures, qui colonisent le réservoir à la frontière entre le gasoil et l’eau.
Elles se nourrissent de l’hydrocarbure et se multiplient dans l’eau → produis
Pourquoi les bactéries apparaissent elles dans le gasoil depuis quelques années ?
Depuis une quinzaine d’années, la prolifération de bactéries dans le gasoil est devenue un problème courant, notamment dans les bateaux. La cause principale vient de l’évolution de la composition du carburant.
Introduction du biodiesel (FAME)
Depuis la suppression du souffre dans ca composition, les gasoils modernes contiennent un pourcentage obligatoire de biodiesel appelé FAME (Fatty Acid Methyl Ester).Ce composant est :
hygroscopique (il absorbe naturellement l’humidité),
instable dans le temps,
riche en éléments organiques.
👉 Résultat : Plus d’eau + matière organique = un environnement idéal pour le développement des bactéries, levures et champignons.
Plus d’humidité dans les réservoirs
À cause du FAME, le gasoil absorbe davantage l’humidité de l’air, ce qui augmente la quantité :
d’eau au fond des réservoirs,
de zones de contact eau/gasoil, qui sont le terrain de jeu FAVORI des micro-organismes.
Stockage plus long des carburants
Bateaux moins utilisés, carburant stocké plus longtemps dans les stations ou dans les réservoirs →le gasoil “vieillit”, se sépare et permet aux bactéries de se multiplier plus facilement.
Variations de température
Entre le chaud (journée) et le froid (nuit), la condensation augmente dans les réservoirs. Plus d’eau = environnement encore plus favorable aux bactéries.
Réservoirs anciens ou mal ventilés
Rouille, dépôts, boues, prises d’air bloquées…Tous ces éléments favorisent :
l’accumulation d’eau
le développement microbien
la dégradation du gasoil
✔️ En résumé : pourquoi les bactéries apparaissent maintenant ?
Parce que le gasoil moderne est plus humide, plus organique et plus instable qu’avant à cause du biodiesel (FAME). Ajoutez à cela l’humidité naturelle du milieu marin, des réservoirs parfois anciens, et du carburant stocké trop longtemps →et vous obtenez le cocktail parfait pour les bactéries.
👉 Symptômes
Filtres qui se bouchent rapidement
Perte de puissance
Démarrage difficile
Moteur qui cale en charge
Boue ou dépôts dans le décanteur
Remèdes (si l’infection est déjà là)
✔️ Traitement biocide→ Tuer les bactéries, champignons et levures.→ Se dose directement dans le réservoir.
✔️ Changer les filtres (décanteur + filtre à carburant)→ Obligatoire après un traitement.
✔️ Nettoyage du réservoir si infection sévère→ Racler, aspirer les boues, rincer.→ À faire en atelier si très contaminé.
Prévention (la clé pour éviter les bactéries)
✔️ Garder le réservoir plein → limite la condensation.✔️ Ajouter un biocide préventif 2 à 3 fois par an.✔️ Vérifier et purger le décanteur régulièrement.✔️ Utiliser un gasoil de bonne qualité (éviter vieux jerricans).✔️ Contrôler la prise d’air pour éviter l’humidité.
À retenir
Un réservoir propre = un moteur qui démarre bien.
L’eau, la condensation, l’essence vieillie et les bactéries sont les 4 ennemis principaux.
Des gestes simples (réservoir plein, additifs, purge régulière) évitent 80 % des problèmes d’alimentation.
Diesel ou essence, tout commence par un réservoir sain et bien entretenu.
Poire d’amorçage & durites carburant : un duo essentiel pour une alimentation fiable.
Sur un moteur hors-bord, la poire d’amorçage et les durites forment le premier lien mécanique entre le réservoir et le moteur. Leur rôle est souvent sous-estimé, alors qu’ils sont responsables d’une grande partie des pannes de démarrage, pertes de puissance ou calages soudains en navigation. Bien les comprendre, c’est déjà savoir diagnostiquer une panne avant même d’ouvrir le capot.
La poire d’amorçage : mettre le circuit sous pression (uniquement sur moteurs essence hors-bord)
La poire d’amorçage est une petite pompe manuelle placée sur la durite carburant. Sur un moteur hors-bord essence, elle sert à remplir la ligne d’alimentation avant le démarrage. Sans elle, la pompe interne du moteur doit tout aspirer seule, ce qui provoque un démarrage difficile ou impossible.
Son rôle est triple :
Remplir la durite jusqu’au moteur
Éliminer les bulles d’air
Garantir une pression suffisante pour lancer le moteur
Une poire en bon état devient ferme après quelques pressions.
⚠️ Symptômes d’une poire fatiguée
Elle reste molle
Elle n’accroche pas la pression
Elle se dégonfle en quelques secondes
Elle laisse entrer de l’air
➡️ Résultat : démarrage difficile, perte de puissance ou calage.
Important : pourquoi elle est inutile sur un moteur in bord essence ou diesel ?
Sur un moteur inbord essence ou diesel, la poire d’amorçage n’a strictement aucune utilité et ne doit pas être installée. Les in bord fonctionnent avec un système totalement différent :
Ils possèdent une pompe d’alimentation interne (pompe de gavage).
Cette pompe est capable de purger l’air, remplir le circuit et mettre tout le système sous pression sans intervention externe.
Les moteurs in bord utilisent un circuit fermé, conçu pour fonctionner avec une pression bien plus élevée qu’un moteur hors-bord.
Ajouter une poire pourrait même créer des fuites, des prises d’air ou une perte d’étanchéité.
👉 En résumé :
Essence hors-bord = poire indispensable
In-bord essence ou diesel = poire inutile et déconseillée
Les durites carburant : petites mais cruciales
Les durites sont souvent considérées comme de simples tuyaux, mais en réalité, elles sont l’une des sources les plus fréquentes de prise d’air, surtout sur les moteurs marins exposés au soleil, au sel et aux vibrations.
Une durite en bon état doit être :
souple,
imperméable,
résistante à l’éthanol,
exempte de craquelures.
Norme recommandée : EPA / résistance à l’éthanol
L’éthanol contenu dans l’essence assèche et dégrade les durites anciennes.
Résultat : microfissures invisibles → entrée d’air → moteur instable.
Les durites modernes EPA sont conçues pour résister à ces agressions.
⚠️ Symptômes d’une durite défectueuse :
Odeur d’essence
Humidité au toucher
Craquelures visibles
Durite molle ou aplatie
Présence de bulles dans la ligne carburant
🚨 Pourquoi c’est grave ?
Une durite poreuse crée une prise d’air, ce qui empêche la pompe de maintenir la pression. Le moteur reçoit moins d’essence, manque de puissance, ou cale lorsque vous mettez les gaz.
Points à retenir :
La poire et les durites constituent la première ligne de défense du circuit carburant.
Un simple défaut sur ces éléments peut reproduire les symptômes d’une panne complexe.
Une inspection régulière permet d’éviter 80 % des problèmes de démarrage sur moteurs hors-bord.
Filtre décanteur & filtre carburant moteur : la double protection du circuit
Le circuit carburant d’un bateau repose sur deux éléments essentiels pour garantir une alimentation propre et stable : le filtre décanteur, placé avant le moteur et le filtre à carburant moteur, placé juste avant la pompe d’injection ou le carburateur
Ces deux filtres jouent un rôle complémentaire : l’un élimine l’eau, l’autre stoppe les particules fines avant qu’elles n’atteignent les organes sensibles.
Le filtre décanteur (séparateur eau/carburant)
Le filtre décanteur est le premier rempart contre les contaminants. On l’appelle souvent “séparateur eau/carburant” et il est indispensable sur tout bateau, essence comme diesel.
💡 Fonctions principales
Séparation de l’eau : l’eau, plus lourde que le carburant, tombe au fond du bol.
Rétention des impuretés grossières : rouille, poussière, dépôt de réservoir.
Protection de la pompe, du carburateur ou de l’injection : l’eau détruit les membranes, oxyde les injecteurs et bloque les pompes.
⚠️ Conséquences d’un décanteur plein d’eau
Perte de puissance
Moteur qui hésite ou “broute”
Difficulté à monter dans les tours
Calage brutal à l’accélération
Risque de corrosion interne du moteur et des injecteurs ( essence ou diesel)
Contrôle simple et rapide
Regardez la partie basse du bol transparent :➡️ si une couche claire apparaît sous le carburant (eau), vidange immédiate par la vis inférieure. Un geste de 10 secondes qui évite des centaines d’euros de réparation.
Le filtre à carburant moteur
Après le décanteur, le carburant passe dans le filtre moteur, Il est directement monté sur le bloc moteur (essence et diesel) et constitue la dernière barrière avant la pompe d’injection, les injecteurs ou le carburateur.
💡 Fonctions principales
Retenir les particules fines : poussières, résidus de réservoir, micro sédiments
Protéger les pièces de précision :
injecteurs haute pression (diesel et EFI)
pompe haute pression
gicleurs de carburateur
Stabiliser la pression carburant en garantissant un passage régulier et filtré
⚠️ Conséquences d’un filtre moteur colmaté
Démarrage difficile
Perte de puissance dès la mise en charge
Ralenti instable
Moteur qui cale en accélération
Dans les cas extrêmes : impossibilité totale de démarrer
Sur un diesel, un filtre colmaté peut provoquer des bulles d’air, extrêmement problématiques car le moteur s’arrête net et ne repart qu’après réamorçage complet du circuit.
Décanteur + filtre moteur : un binôme essentiel
Pour simplifier :
Élément | Rôle | Importance |
Décanteur | Retient eau + impuretés grossières | Protection du réservoir → pompe |
Filtre moteur | Retient impuretés fines | Protection du carburateur / injection |
Les deux sont complémentaires :un décanteur propre évite les pannes, un filtre moteur propre garantit les performances.
Pour résumer, les pannes typiques du circuit carburant
Voici les plus courantes — celles qu’on rencontre tout le temps en mécanique marine :
🔸 prise d’air dans une durite
🔸 eau dans le carburant
🔸 filtre décanteur saturé
🔸 poire HS
🔸 essence “vieille” (> 3 mois)
🔸 jerrican contaminé
🔚 Conclusion
Le circuit carburant est l’un des éléments les plus sensibles et souvent les plus négligés d’un moteur marin. Pourtant, c’est lui qui conditionne la qualité de la combustion, la stabilité du ralenti, la puissance, et surtout la fiabilité du moteur en mer. Une simple bulle d’air, une durite poreuse, un décanteur rempli d’eau ou un filtre saturé suffisent à immobiliser un bateau, parfois au pire moment.
Comprendre comment ce circuit fonctionne, reconnaître ses signes de fatigue et le contrôler régulièrement permet d’éviter la grande majorité des pannes d’alimentation. Mais cela ne suffit pas : une révision annuelle complète du circuit carburant est indispensable.
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